Comprendre le SCoT

Définition et finalité des SCoT


Qu'est-ce-qu'un SCoT ?

Le Schéma de Cohérence Territoriale (SCoT) est un document d’urbanisme supracommunal créé par la loi Solidarité et Renouvellement Urbains (SRU) du 13 décembre 2000 en remplacement des schémas directeurs eux-mêmes héritiers des schémas directeurs d'aménagement et d'urbanisme (SDAU) de 1967.
De manière continue depuis la seconde moitié du 20ème siècle, la loi distingue entre les aspects prospectifs à moyen terme, exprimés de manière générale pour des territoires supra communaux (avec les SDAU, les Schémas Directeurs puis les SCoT) et les aspects réglementaires pour encadrer, à l’échelle locale, les opérations de construction avec les plans d'occupation des sols (POS) puis les plans locaux d'urbanisme (PLU).
Le SCoT est donc un outil de conception, de mise en œuvre 
et de suivi d’une planification intercommunale définissant une stratégie globale d’aménagement et de développement durable du territoire. Il résulte de la volonté des élus de s’organiser pour aménager le territoire à l'échelle d'un basin de vie qui permet de prendre en compte les enjeux en terme d’emploi et d’habitat et les logiques de déplacements.
Au-delà du projet de territoire défini pour un temps suffisamment long d'une dizaine d'années, le SCoT constitue un cadre réglementaire qui doit être traduit dans les documents d’urbanisme locaux (PLU / PLUi) et les principales opérations d’aménagement.

Pourquoi élaborer un SCoT ?

Le SCoT est un rendez-vous décisif dans l'avenir d'un territoire à plusieurs titres :

  • parce que les élus ont l’ambition commune de maintenir la qualité de vie de leur territoire, de valoriser ses atouts et de renforcer son attractivité, ce qui nécessite de planifier son développement et de définir les grandes orientations en matière d’aménagement et d’urbanisme ;
  • parce que certains choix doivent être fait à l’échelle du bassin de vie, sur un temps suffisamment long, et qu’il est essentiel de définir les grands équilibres du développement du territoire ;
  • parce qu’il est nécessaire de renforcer la cohérence et l’efficacité des politiques locales en matière de maîtrise de la consommation de l’espace, de préservation de l’environnement, de développement économique et commercial, d’habitat, de déplacements, etc.

Les principes fondateurs du SCoT ?

Un projet de territoire construit autour de 3 notions clés :

  • Les grands équilibres dans l’organisation de l’espace : il s’agit de rechercher un équilibre entre le développement urbain (logements, activités, infrastructures) et la préservation des espaces agricoles, des paysages et de l’environnement.
  • La cohérence : il s’agit d’harmoniser les politiques publiques sectorielles. Ces politiques (d'habitat, de transport, d’environnement, etc.) ne s'arrêtent aux frontières communales et le bassin de vie reste l'échelle la plus pertinente pour les penser.
  • L’anticipation : il s’agit de maîtriser les évolutions futures du territoire. Le SCoT engage les élus à se projeter sur un temps suffisamment long et à définir une stratégie de territoire pour éviter de subir les événements et limiter les effets néfastes d’une urbanisation mal contrôlée.

La loi "Grenelle 2" a défini de nouveaux défis pour l'urbanisme et a renforcé les ambitions et le rôle du SCoT qui devient un document de référence. Avec la loi du 12 juillet 2010 portant engagement national pour l’environnement, dite loi "Grenelle 2", un nouveau pas a été franchi avec la généralisation des SCoT sur l’ensemble du territoire national d’ici 2017, un contenu plus prescriptif (fixation d'objectifs chiffrés de limitation de la consommation des espaces), une évaluation régulière (au bout de 6 ans) et des domaines d'intervention qui ont été élargis.
La loi pour l'Accès au Logement et un Urbanisme Rénové (ALUR) du 24 mars 2014 et la loi d'Avenir pour l'Agriculture, l'Alimentation et la Forêt du 13 octobre 2014 sont venues compléter et encore renforcer le rôle du SCoT.

Pourquoi élaborer un SCoT ?

Organiser le développement de façon durable

  • Lutter contre l’étalement urbain en définissant des objectifs chiffrés de consommation économe de l’espace, de densité minimale…
  • Définir un équilibre entre le renouvellement urbain, le développement urbain maîtrisé, la restructuration des espaces urbanisés, la revitalisation des centres urbains et ruraux.
  • Favoriser la diversité des fonctions urbaines et la mixité sociale dans l'habitat.
  • Répondre aux besoins présents et futurs de l'ensemble des modes d'habitat, des activités économiques, touristiques, sportives, culturelles ainsi que d'équipements publics et commercial.
  • Organiser une répartition géographiquement équilibrée entre emploi, habitat, commerces et services.
  • Diminuer les obligations de déplacements motorisés et développer des transports alternatifs à l'usage individuel de l'automobile.

Faire face aux grands défis environnementaux

  • Contribuer à la lutte contre le changement climatique en maîtrisant les consommations d’énergie et en réduisant les émissions de GES via les choix d’organisation spatiale.
  • Développer la production et l’usage des énergies renouvelables.
  • Protéger les populations en prévenant les risques naturels et technologiques.
  • Préserver les ressources naturelles, les sites et les paysages.
  • Stopper le gaspillage foncier en maîtrisant la consommation d’espace et en favorisant le renouvellement urbain et la densification.
  • Enrayer la perte de biodiversité en protégeant durablement les espaces naturels et en renforçant le maillage des trames vertes.

La portée juridique des SCoT


Les différents documents de planification territoriale ont la particularité de s'organiser dans une hiérarchie des normes et selon des rapports de compatibilité ou de conformité, les documents de niveaux supérieurs imposant leurs orientations à ceux de niveau inférieur.

Ainsi, le socle législatif et réglementaire déterminé par l’Etat s'impose au SCoT avec notamment les principes généraux de l'urbanisme et, lorsqu'elles existent, les Directives Territoriales d'Aménagement. Les SCoT doivent également prendre en compte les programmes d'équipement de l'Etat, des collectivités locales et des services publics. Ils doivent être compatibles notamment avec les chartes des parcs naturels régionaux, avec les orientations fondamentales et les objectifs de qualité et de quantité des schémas directeurs d'aménagement et de gestion des eaux (SDAGE), les objectifs de gestion des risques d'inondation et les orientations fondamentales définis par les plans de gestion des risques d'inondation (PGRI) et les règles générales du fascicule du schéma régional d'aménagement, de développement durable et d'égalité des territoires (SRADDET).


En tant que document de planification urbaine, le SCoT s'impose aux documents d'urbanisme des communes qu'il recouvre mais également aux Programmes Locaux de l'Habitat, aux Plans de Déplacements Urbains et aux opérations foncières et d'aménagement au-delà de certains seuils. En principe, les SCoT ne sont pas directement opposables aux administrés.

Ainsi, le SCoT constitue le véritable pivot des documents de planification. Il devient le "chef de file" des documents locaux et apparaît comme le document "relais" des planifications supérieures.

 Haut de page

Le contenu des SCoT


Le document du SCoT est composé de 3 pièces distinctes mais complémentaires :

  1. Le rapport de présentation : volet explicatif du document, il comprend un diagnostic du territoire comportant un volet socioéconomique et environnemental. Il explique les choix retenus pour le PADD et le DOO en lien avec le diagnostic. Il présente l’analyse de la consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers des 10 dernières années précédant l’approbation du schéma (qui justifie les objectifs de limitation de la consommation qui sont chiffrés au DOO). Il décrit l’articulation du schéma avec les documents avec lesquels il doit être compatible ou qu’il doit prendre en compte. Il comprend un résumé non technique.
  2. Le Projet d’Aménagement et de Développement Durables (PADD) : clé de voute du schéma, le PADD fixe les objectifs des politiques publiques :
    d’urbanisme
    du logement
    des transports et déplacements
    d'équipements structurants
    de développement des communications électroniques
    de développement économique, touristique et culturel
    de qualité paysagère
    de protection et de mise en valeur des espaces naturels, agricoles et forestiers
    de lutte contre l'étalement urbain
    de préservation et de remise en bon état des continuités écologiques
  3. Le Document d’Orientation et d’Objectifs (DOO)volet prescriptif et opposable, il définit des orientations et le cas échéant des objectifs chiffrés.
    En application du principe de subsidiarité, il n'a pas vocation à entrer dans le détail. La traduction précise sur le terrain à la parcelle relève du choix des intercommunalités ou des communes dans l'élaboration de documents tels que les Plans Locaux d'Urbanisme.

La procédure d'élaboration des SCoT


Différentes étapes sont nécessaires à l’élaboration d’un SCoT :

  1. La définition du périmètre : le SCoT est établi sur un périmètre arrêté par le préfet sur proposition de l'établissement public en charge du SCoT. Le périmètre doit être d’un seul tenant et sans enclave et coller aux réalités de fonctionnement d’un bassin de vie.
  2. L’engagement dans la procédure et dans la concertation avec la population : l'établissement public en charge du SCoT prend une délibération prescrivant l’élaboration du SCoT et précisant les modalités de concertation avec le public. La concertation doit être mise en œuvre tout au long de la procédure et un bilan doit en être tiré avant l’arrêt du projet de SCoT.
  3. Le débat sur le projet de SCoT : une fois le diagnostic réalisé, des débats sont organisés avec les élus et les personnes publiques autour des enjeux du territoire, du projet stratégique (PADD) et des orientations à définir (DOO). Ces débats enrichissent ainsi les documents qui composent le SCoT et permettent d’aboutir à un projet de SCoT partagé par les acteurs du territoire.
  4. L’arrêt du projet de SCoT et la consultation des personnes publiques : le projet de SCoT est arrêté par délibération de l'établissement public en charge du SCoT puis est transmis pour avis pendant 3 mois aux collectivités couvertes par le schéma et aux organismes publics associés (services de l’Etat, conseil départemental, conseil régional, chambres consulaires…) ainsi qu’à tout organisme ou association agréé compétent qui en exprime la demande. Il est également soumis pour avis à la Commission Départementale de Préservation des Espaces Naturels, Agricoles et Forestiers (CDPENAF). Il fait également l'objet d'un avis spécifique de la Mission Régionale d'Autorité environnementale (MRAe) au titre de l'évaluation environnementale.
  5. L’enquête publique : après réception des avis des différents organismes consultés, le projet de SCoT fait l’objet d’une enquête publique pendant au moins un mois. Les avis sont joints au dossier mis à disposition de la population.
  6. L’approbation et l’entrée en vigueur : les observations du public et des personnes et organismes consultés sont prises en compte, pouvant impliquer une modification du document, puis le syndicat mixte approuve le SCoT par délibération. Le SCoT est transmis au préfet et entre en vigueur deux mois après la transmission de la délibération en préfecture.

Après l’élaboration, le SCoT doit faire l'objet d'un suivi et d'une évaluation régulière de ses résultats.
Le SCoT est évalué tous les 6 ans. Le suivi de la mise en œuvre du SCoT et l'analyse des résultats de son application sur le territoire peuvent conduire à décider de la modification ou de la révision du schéma.

 Haut de page

Les acteurs associés à l'élaboration des SCoT


L’élaboration du SCoT est un travail collectif impliquant une diversités d’acteurs, élus, institutionnels et citoyens concernés par l’avenir du territoire.

  1. La structure porteuse et maître d’ouvrage du SCoT : le projet de SCoT est porté par le Pôle d'Equilibre Territorial et Rural (PETR) du Pays de Châlons-en-Champagne. Les élus, représentant l’ensemble des collectivités du territoire (communes et établissements publics de coopération intercommunale), débattent des choix en matière d’aménagement du territoire lors des réunions du comité syndical après un travail préparatoire en commission.
  2. L'équipe technique : la réalisation des études, l’animation de la démarche et la rédaction des différents documents du SCoT nécessitent des compétences spécifiques et pluridisciplinaires. C’est l’Agence d’Urbanisme et de Développement de l’agglomération et du pays de Châlons-en-Champagne (AUDC), qui assure l’ingénierie et accompagne le PETR dans la conduite et l’animation de ce projet. Pour certains sujets très spécifiques (environnement par exemple), il est également fait appel à des bureaux d’études techniques permettant d’apporter une expertise complémentaire.
  3. Les personnes publiques associées : le code de l’urbanisme définit les personnes publiques et organismes devant être associés à la réflexion sur le SCoT, à savoir :
    • l’Etat, via la Direction Départementale des Territoires, qui assiste le syndicat mixte et participe à l’élaboration du SCoT en veillant au respect des lois et règlements. Au démarrage de la procédure, le préfet porte à la connaissance des collectivités les informations légales et les études existantes utiles au travail de diagnostic. Après l'arrêt du projet de SCoT, il émet un avis global sur le projet de schéma ainsi qu'un avis spécifique en tant qu'autorité environnementale.
    • le Conseil régional de la Région Grand Est, qui veille à la coordination et l’articulation du projet de SCoT avec les différentes politiques et schémas régionaux en matière d’aménagement du territoire, d’économie, de transports et d’infrastructure, de culture, d’environnement, etc.
      A noter toutefois que les différents documents sectoriels ou schémas sont désormais fusionnés dans un schéma régional d'aménagement, de développement durable et d'égalité des territoires (SRADDET). Le SRADDET de la région Grand Est dénommé "Grand Est Territoires" a été adopté par le Conseil régional le 22 novembre 2019.
    • le Conseil départemental de la Marne, qui veille à la coordination du projet de SCoT avec ses différentes politiques sociales, touristiques, etc.
    • les chambres consulaires, qui représentent les professionnels de l’industrie, du commerce, de l’artisanat et de l’agriculture. Ces structures s’assurent que le projet de SCoT répond aux besoins des professionnels du territoire, notamment en matière de développement économique, d’urbanisme commercial et de préservation de l’espace agricole.
    • les autres personnes publiques consultées : les associations locales agréées, les collectivités voisines (communes, communautés de communes, pays) et tout autre organisme compétent dans l’un des domaine qui concerne le SCoT (habitat, déplacements, environnement…) peuvent, s’ils en font la demande, être consultés dans le cadre de l’élaboration du SCoT.
    • Les citoyens : la population est consultée pendant la phase d’étude dans le cadre de la concertation et après l’arrêt du projet de SCoT, durant l’enquête publique.

Pour plus d'informations sur les SCoT, vous pouvez consulter la brochure éditée par le Ministère (juin 2013).